jeudi 11 mars 2010

Ce n'est rien

Homme je t'en veux. Tu es un être ignoble, immonde. Tu es une crapule qui ne recule devant rien pour assouvir tes passions. Homme je t'en veux, d'être plus qu'une bête, qui profite de sa dominance intellectuelle pour détruire celui qui t'a créé, le monde. L'homme, être absurde qui ne peut se maitriser, qui ne peut agir sans contrôle, être qui exige contrôle et maîtrise de tout ce qu'il côtoie. L'homme tu ne me fais plus rêver, comment pourrais-je croire en toi, alors que tu n'as de cesse de te détruire toi-même. L'homme étrange, tu t'en fous de moi, de ma petite opinion. Espèce ignoble qui condamne même le suicide, on ne m'a pas donné le choix que d'appartenir à ta race. Homme tu m'as insufflé ton Histoire, tu m'as inculqué ton savoir acquis par des générations d'âmes humaines. Homme pourquoi m'as-tu ainsi traités ? 

Tu m'as donné la possibilité de penser ce que je veux bien croire. Tu m'as donné la possibilité de créer. Ces deux choses m'ont sauvé. N'aurait-il pas mieux valu me tuer quand j'étais encore naïf ? L'homme plus je t'espionne, plus je te retrouve bas. L'art n'a fait que renforcer ma vision de ta sombre réalité: L'homme tu n'es rien !

Survivre par le plus gros des mensonges, tel est mon fardeau. Je suis le maître de mon illusion. Le culte de l'erreur*... C'est aussi, accepter au-delà de mon imaginaire la réalité. Une réalité loin de celles avancées par tes multiples fenêtres télévisuels.

L'homme je suis furieux après toi, je me lapide d'être ton représentant. Je ne peux accepter que mon existence justifie ta présence. Commence alors un combat sans-merci. 
Je ne te laisserai pas me dicter ma propre fin. Je te combattrai tel un ennemi sanguinaire. Je n'aurai de cesse de montrer à quel point tu n'es rien. Tu ne représentes rien pour moi. Mais je ne te tuerai pas et, je ne me détruirai pas en tant qu'être humain, cela ne ferait que renforcer ta mentalité, moraliste, hiérarchisé. L'homme tu dois continuer d'exister conscient de ce que tu es. Tu dois souffrir d'apprendre ton sort. Tu n'es rien.

Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire
Des hommes, dans le coin d'une sinistre armoire
Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé,
Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé,
Je serai ton cercueil, aimable pestilence!

Ch. BAUDELAIRE, Les Fleurs du Mal, 1857, p. 79. 






*Le culte de l'erreur : Conceptt évoqué par Fiedrich Nietzsche  dans le Gay Savoir
« Notre dernière gratitude envers l'art. -Si nous n'avions pas approuvé les arts, si nous n'avions pas inventé cette sorte de culte de l'erreur, nous ne pourrions pas supporter de voir ce que nous montre maintenant la Science : l'universalité du non-vrai, du mensonge, et que la folie et l'erreur sont conditions du monde intellectuel et sensible. La loyauté aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Mais à notre loyauté s'oppose un contrepoids qui aide à éviter de telles suites : c'est l'art en tant que bonne volonté de l'illusion. »

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