Présentation


Usurpateur

Diplomé des Beaux Arts de Metz en mai 2011 après un BTS en communication visuelle, Antoine Debacque a choisi de jouer et de s’amuser, l’art n’étant que mensonge ; «le culte de l’erreur» comme disait Nietzsche. Il a utilisé le jeu pour passer le temps, multipliant performances et auto-filmages en s’inspirant de Monsieur Pierrick Sorin et plein d’autres. Doté de ses dix doigts qu’il trimbale partout , il s’est créé son petit monde, qu’il a construit en bricolant peu à peu.

Ainsi Antoine signa sa première auto-présentation.

dernier texte que je viens d'écrire


Ce n'est rien

Homme je t'en veux. Tu es un être ignoble, immonde. Tu es une crapule qui ne recule devant rien pour assouvir tes passions. Homme je t'en veux, d'être plus qu'une bête, qui profite de sa dominance intellectuelle pour détruire celui qui t'a créé, le monde. L'homme, être absurde qui ne peut se maitriser, qui ne peut agir sans contrôle, être qui exige contrôle et maîtrise de tout ce qu'il côtoie. L'homme tu ne me fais plus rêver, comment pourrais-je croire en toi, alors que tu n'as de cesse de te détruire toi-même. L'homme étrange, tu t'en fous de moi, de ma petite opinion. Espèce ignoble qui condamne même le suicide, on ne m'a pas donné le choix que d'appartenir à ta race. Homme tu m'as insufflé ton Histoire, tu m'as inculqué ton savoir acquis par des générations d'âmes humaines. Homme pourquoi m'as-tu ainsi traités ? 

Tu m'as donné la possibilité de penser ce que je veux bien croire. Tu m'as donné la possibilité de créer. Ces deux choses m'ont sauvé. N'aurait-il pas mieux valu me tuer quand j'étais encore naïf ? L'homme plus je t'espionne, plus je te retrouve bas. L'art n'a fait que renforcer ma vision de ta sombre réalité: L'homme tu n'es rien !

Survivre par le plus gros des mensonges, tel est mon fardeau. Je suis le maître de mon illusion. Le culte de l'erreur*... C'est aussi, accepter au-delà de mon imaginaire la réalité. Une réalité loin de celles avancées par tes multiples fenêtres télévisuels.

L'homme je suis furieux après toi, je me lapide d'être ton représentant. Je ne peux accepter que mon existence justifie ta présence. Commence alors un combat sans-merci. 
Je ne te laisserai pas me dicter ma propre fin. Je te combattrai tel un ennemi sanguinaire. Je n'aurai de cesse de montrer à quel point tu n'es rien. Tu ne représentes rien pour moi. Mais je ne te tuerai pas et, je ne me détruirai pas en tant qu'être humain, cela ne ferait que renforcer ta mentalité, moraliste, hiérarchisé. L'homme tu dois continuer d'exister conscient de ce que tu es. Tu dois souffrir d'apprendre ton sort. Tu n'es rien.

*Le culte de l'erreur : Conceptt évoqué par Fiedrich Nietzsche  dans le Gay Savoir
« Notre dernière gratitude envers l'art. -Si nous n'avions pas approuvé les arts, si nous n'avions pas inventé cette sorte de culte de l'erreur, nous ne pourrions pas supporter de voir ce que nous montre maintenant la Science : l'universalité du non-vrai, du mensonge, et que la folie et l'erreur sont conditions du monde intellectuel et sensible. La loyauté aurait pour conséquence le dégoût et le suicide. Mais à notre loyauté s'oppose un contrepoids qui aide à éviter de telles suites : c'est l'art en tant que bonne volonté de l'illusion. »




C'est prêt, bon appétit

L’homme est en quête d’absolu.
L’homme est en quête de pouvoir.
Il n’y a qu’à regarder le sommet écologique de Copenhague pour s’en apercevoir. Le ballet des politiques qui ne veulent rien céder de leurs croisades économiques plutôt que de voir plus loin, voir dans 50 ans quand leurs voisins seront sous les eaux. Mais voilà, l’homme est comme ça.

Entrée
L'artiste encore jeune aimerait un jour devenir quelqu'un, il cherche l'absolu. 
L'artiste acteur tel un clown se met en scène parodiant l'homme et l'artiste.
L'artiste sait qu'il n'a pas raison, que son oeuvre ne changera pas le monde. Peut être même qu’elle ne sert à rien. Pourtant il continue malgré cette succession d'échecs parce qu'il y croit. 
À la recherche de l'absolu sans savoir ce que c'est (La recherche de l’absolu de Balzac).

L’artiste choisis de mettre en valeur son auto déchéance, son automutilation. 
L'artiste capable de se décrédibiliser tel Artaud ou Filliou, qui par cette posture devient artiste (artistes sans oeuvres de J-Y. Jouannais). 
Plus il se rabaisse plus il devient important, regardé de tous.
Plus il reste humain, plus l'oeuvre est partiel, imparfaite. 
Ainsi il devient résidu ultime de son oeuvre, tout en sachant qu'il ne peut être supprimé. 
L’artiste s'efface devant son rôle de bouffon de l'art, bénissant le moment où sa position d'artiste changera vers la reconnaissance. 
Plus il accepte sa condition, plus il devient intéressant, plus il devient artiste : L'artiste stupide, absurde, idiot, bête, incompétent, gourd, ... 

L'Artiste, comme un double dérisoire de l'homme. 
L’Artiste, qui se met en scène montrant au spectateur la déchéance de l’homme. 
Le spectateur insulte l'acteur artiste non parce qu'il joue mal mais, parce qu'il tient le mauvais rôle. Celui du jeune qui n'est rien,  qui a la prétention de devenir quelque chose, tel un clown.
Le clown définit à l’origine étant considéré comme un paysan balourd qui voulait ressembler à un fier écuyer et qui se loupe à chaque fois, car il n'est qu’un lourdaud sans talent.


1. Petit détour de connaissances abrégées

Sort de ta prison, celle que Platon met en scène dans l’allégorie de la caverne. Tu dois accepter que ta vision est fausse : « la vérité est le plus gros des mensonges » nous dit Foucault.

Socrate considère le monde sensible comme la prison de l'âme. Néanmoins, un monde sans sentiment correspondrait  alors à l’homme comme machine, qui n’a plus rien d’humain. Un homme qui fait de la plupart d’entre nous des bourreaux dociles tel que le montrait l’expérience de Milgram.
L’humanisme a éduqué l’homme, avec pour objectif de supprimer son côté bestial en le cultivant, ce qui n’a rien arrangé. Dans « Règles pour le parc humain »,  essai écrit par Peter Sloterdijk, le philosophe montre comment l’humanisme a servi à « l’éducation de l’homme par l’homme ». Martin Heidegger dénonce un humanisme de dressage qui a omis l’Être. 
Un humanisme qui a soumis l’homme par la culture. Une éducation posant les bases du « dressage » de l’humanité et la mise en place d’une élite intellectuelle. Le livre dompte ainsi l’homme apprivoisé. Ce même homme dont parle Friedrich Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » : « Leur est vertu ce qui rend modeste et docile ; ainsi du loup ils firent le chien, et de l’homme même la meilleure bête domestique au service de l’homme. »

Dans la fin de son livre, « Qu’est-ce que le dispositif »,  Giorgio Agamben montre comment les dispositifs sont utilisés par tous, sans se poser la question d’un autre moyen de fonctionnement. Il définit le dispositif comme un ensemble de règles subjectives mises en place, en vue d’éclairer un lieu, une chose, une idée, … d’une certaine manière.
 « La peinture est une forme d’art. En réalisant des tableaux, vous acceptez déjà la nature de l’art (et ne la mettez pas en question). Vous acceptez alors la nature de l’art selon la tradition européenne d’une dichotomie peinture sculpture. » Joseph Kossuth, "Art after philosophy I"

La question du dispositif comme procédé imposé pousse l’artiste à faire ce qui lui est demandé. Son éducation, sa culture, devient alors elle-même dispositif.
Pour Peter Sloterdijk cette éducation, historiquement humaniste, a créé « une sélection de l’homme par l’homme ». Cependant, aujourd’hui cette culture d’asservissement n’est plus. L’homme ne se cultive plus.  Ainsi l’homme est apprivoisé, mais Il n’y a plus personne pour mener le troupeau.

Il est temps de  manifester, de ne plus être neutre. Alors, refait la grève de Marcel Duchamp, la grève pour rien. La grève qui ne se traduit par rien. F. Nietzsche disait qu’il faut philosopher à coup de marteau plutôt que d’être des nihilistes. 
Allons-y, et même si l’on se trompe beaucoup, peut importe. J-P. Sartre se trompait parfois, pourtant il a quand même fait avancer le schmilblick. 
« Le quiétisme, c’est l’attitude des gens qui disent : les autres peuvent faire ce que je ne peux pas faire. » disait Jean-Paul Sartre.


2. Le procédé, la position de l’artiste

Je te demande de faire de moi un martyre. Pas avec de la violence physique, mais en m'insultant moralement. Et après quand tu auras fini je te demande d'être fier. En gros je te demande d'être le sadique, le bourreau qui prend du plaisir. Montre moi l’homme dégradant, assume ton rôle, j’ai choisis le mien.
Je veux que tu agisses. Je crois en l'action, je crois que je dois être « fouetté » pour pouvoir être reconnu. Je dois être un acteur actif, pas un nihiliste. Celui qui fait tout pour créer le mouvement, je crois que c'est là que se situe l'évolution.
Ce "je" ce n'est pas seulement moi ce sont les artistes. L'artiste jeune et incompétent, l’homme naïf, frêle et débutant. Tel moi-même qui ait tout à apprendre. 
Cette position, je la mime, je la vie. L’artiste va devoir  connaître une série d’échecs pour pouvoir arriver à la prétention peut-être un jour de celui qui a réussi à dire quelque chose. Cela ne le libérera pourtant de sa condition d’homme. L’absolu est par définition inaccessible. Mais la déclaration en est encore plus forte que l’artiste est conscient de ce fait et qu’il choisis arbitrairement de jouer son rôle jusqu’au bout.


3.  La position du groupe

Dans sa recherche l’artiste doit s’instruire. L’artiste ne doit pas apprendre directement le savoir, mais le vivre. La connaissance du savoir ne peut être considéré comme plus importante que son ignorance. Le maître ignorant devient un partenaire tout aussi valable car sa connaissance, même si elle n’est pas reconnue,  est autre (Le spectateur émancipé, Jacques Rancière).
Le maître ignorant sert d’électrochocs dans un atelier d’éveil.

Nous sommes les prisonniers de notre histoire, de notre culture. Mais en boudant la culture nous ne faisons que détruire le philosophe qui amène la vérité. 
Actuellement notre plus grande norme c’est nous, pas notre environnement. 
Nous ne nous croyons pas capable. 
Nous croyons que tout a déjà été dit ou que nous avons déjà les réponses.
Nous nous trompons et nous le savons, mais nous avons la fainéantise de nous remettre en question. Nihiliste que nous sommes, tels des larves, nous continuons à faire la même chose que le voisin.

L’art est comme tout le reste, on dit tout va bien, quand tout va mal. J’ai l’impression de voir les cours de la bourse devant moi. Les gens s’affolent devant la nouvelle biennale sans que cela ne change rien, puis tout change et tout le monde fait comme si de rien n’était.
Quel monde étrange que celui de l’humain avec ses œillères.


4. Quand l’enfant voit plus loin, où quand on n’y voit plus rien

L’art est un mensonge, une fausse réalité qui nous aide à  accepter le monde.
Peut-être est-ce pour cela que l’on ne regarde plus l’art, on préfère la télé, l’art de masse.
C’est quand même plus simple comme art. L’art a changé de fonction, l’art c’est la fausse réalité qui montre la vraie réalité. Alors que la télé, c’est l’image d’une réalité qui vous montre le plus gros des mensonges. 


5. La position Art

L’art contestataire direct s’est essoufflé. Au contraire l’art culturel veut se faire apprécier du grand public en s’en rapprochant. Aujourd’hui il fait lui aussi ses spectacles dans l’espace publics, propose ses festivals, ses nuits blanches.  Yann Thomas dénonce l’idée d’un art qui détend les foules, un art du divertissement. D’un autre côté l’art à brouiller les frontières. Jouant avec les multiplicités des outils et, des moyens. L’œuvre elle-même est devenue une possibilité parmi d’autres (Le dés-œuvrement de l’art, Stephen Wright). Beaucoup d’artiste prône l’idée de processus artistique qui ne se résume plus à un point sur une ligne de création (tels que peut l’envisager Nicolas Bourriaud avec son concept d’Altermodern). L’art sur la scène devient alors plus vrai que ce que l’homme croit être la réalité

Tout processus ne peut s’établir seul. Il a besoin de forger son réseau, sa multiplicité de compétences et d’actions (Une sociologie du travail artistique, Pascal Nicolas-le Strat). Ce réseau doit être stable, mais éphémère. Ce n’est pas l’idée d’un équilibre précaire, mais celle d’un partage en vue d’une idée en constante modulation, évolution, tension, ouverte.

Ouverture

L’artiste attire l’attention pour être reconnu.
L’artiste propose un e révolution de l’art et du monde qui l’entoure.
L’artiste crée son propre univers, comme une proposition de vérité.
Le cumul de proposition permet une meilleure acceptation d’un monde unique et arbitraire.
Le monde redéfini cherche constamment à se détruire pour mieux se reconstruire.



Processus du bac à sable

Préface
On peut y voir  un monde imaginaire, simple, naïf et insolite. 
Où l’impulsion première et la réactivité ont un rôle majeur. Un travail en constante évolution, en perpétuel changement, se détruisant et se reconstruisant chaque jour. Les oeuvres se contredisent en fonction des humeurs, chacune s'installe un instant sous les projecteurs évinçant ses prédécesseurs. 
Mais en fait l’intérêt, c’est le processus utilisé.


INTRODUCTION

Un processus répétitif, sans fin et qui se complexifie plus il évolue.
Un processus qui ne sait pas quelle est sa finalité.
Un cercle vicieux, fait de paradoxes, qui l’empêche de sortir de ce tourbillon.
Il y a une envie forte de sortir de cet engrenage tout en sachant pertinemment que cette lutte, est désespérée. Il y a comme un espoir infaillible, une quête, telle Don Quichotte qui croit pouvoir lutter face à quelque chose qu’il ne conçoit pas. La seule possibilité pour sortir du cercle vicieux serait de s’arrêter mais c’est trop risqué, car le sujet qui est à l’intérieur du processus risquerait de tout perdre, et puis, pour quoi faire d’autre ? Finalement tout a déjà été fait en art, tout a déjà été dit.
Si je n’attends pas Godot alors que ferais-je ? Autant continuer à l’attendre et quand il arrivera je verrai bien ce que je ferais, même s’il est fort possible qu’il n’arrive jamais.

Étant donné que c’est un processus, et qu’il donc par définition applicable par tout un chacun, je mettrai »s il » où  « le sujet » à la place de «  je ».

C’est un processus qui s’appui sur 4 points :


1) Le jeu et la mise en scène

« L’artiste est tel un enfant qui joue, naïf, il est des plus sérieux comme si le monde était entre ses mains » (Thierry DEVAUX).
Le sujet cherche le regard du spectateur, mais ne l’appelle pas. Il est là, sur une estrade, comme nous tous chaque jour, mis sur la scène face aux regards des autres. Il est sous les projecteurs, mais il ne regarde pas le public, il n’est pas perdu, il joue. 
Même quand ses actions sont absurdes, il continue naïvement.
Ce n’est pas une performance réelle dans le sens qu’elle débute et se termine en un endroit donné. C’est une série de moments qui participent tous à la même « performance », la même mise en scène. Tous ont un point commun, ils ne font que continuer l’action d’avant. Ils ne sont que des morceaux, des fragments, ils sont indissociables les uns des autres. 
Ces performances, ces mises en scène ne sont jamais finies. C’est un jeu continuel, dans un temps limité. C’est comme une récréation, ou le corps se libère de toutes les contraintes, toutes les règles, toutes les exactitudes auquel il est soumis en permanence. C’est un moment ou le sujet s’amuse, ou il se détend, le public en rigole, lui aussi. C’est un moment ou il s’affirme, ou il crie ou il crache ou il expulse. Un moment de violence, où il se relâche, une violence seine, utile et nécessaire. 
Tels les jeux grecs et romains avec les combats de gladiateurs, il faut à un moment pouvoir sortir de toutes les contraintes, de toutes les pressions, de toutes les limites. Il faut pouvoir s’extérioriser. 
Dans ces instants ce n’est plus la personne qui parle mais le corps, seul.  Il est maître à bord, il a le choix des outils. Il sait que cela ne durera pas, il sait que cela ne sera pas la dernière fois. Alors il en profite. Ce qu’il doit faire, il le fait vite, d’un geste impulsif, brut sans état d’âme, sans réflexion aucune, il le fait, il agit, le sujet y réfléchira plus tard. 
Le but dans ces moments, est non pas d’aller de l’avant, de faire avancer le Schmilblick, mais d’aller tout simplement, de faire, maintenant.
« L’homme est un être frivole et repoussant et peut-être que, comme le joueur d’échecs, il n’aime que le processus qui mène au but et non le but lui-même. » DOSTOÏEVSKI 
S'amuser de rien, s’exprimer et jouer, allant parfois jusqu’à la limite de la provocation (le sale gosse).


2) Le détournement, et la mise en place d’un regard biaisé, insolite.

« Le véritable voyage n’est pas d’aller vers d’autres paysages, mais d’avoir d’autres yeux ». Marcel PROUST 
Ce qui est dingue, c’est de voir à quel point notre regard  arrive à discerner en une fraction de secondes tout plein de petits éléments parfaitement inutiles, sans aucun intérêt. Le sujet peut même s’aventurer à les contempler, à les observer, à imaginer. 
L’homme aime imaginer, rêver, c’est ce qu’il lui donne espoir, il en a besoin.
Agnès Desarthe, dans son livre, raconte la vie de Janusz Korczak directeur de l’orphelinat du ghetto juif de Varsovie durant les années 1943. Ce personnage inconnu, va jusqu'à suivre les orphelins dont il s’occupe dans les camps de la mort. Il chante, Il raconte des histoires jusque dans les wagons, peut-être même dans les wagons. Parce que les histoires ne sont pas là pour dire aux enfants qu’ils ne vont pas mourir, cela ils le savent déjà, elles sont là pour donner de l’humanité jusqu’au bout à ces êtres humains. L’humain rêve, imagine, raconte. L’humain à besoin de ça, de sortir de la réalité pour trouver dans son imagination une autre réalité. 
«  Sorte de résistance inefficace et sublime, qui ne permet pas de sauver sa peau, mais aide, une fois de plus, à sauvegarder les apparences » p. 83 et cela continue par : «  Cela ne sert à rien, on meurt quand même. L’art ne sert à rien, car on meurt toujours. Mais l’image reste. L’image d’un convoi d’enfants qui chantent en allant vers la mort et disent “ en nous exterminant, c’est vous que vous tuez”. » Agnès DESARTHE
Voilà pourquoi il faut biaiser le regard, cela ne changera pas le monde. Cela ne changera même rien, pourtant une infime part de nous même au moment de la découverte de cette chose, de cette image insolite dans le paysage, nous donne un sentiment de différence, d’intérêt. Finalement ça ne change rien, mais ça aide.
La vie n’a aucun intérêt, nous mourons tous, nous finissons tous dans des boîtes en bois mises sous terre. La vie n’a semble t’il pas d’intérêt, elle n’est que frustration, difficulté, impatience. Elle est dure, difficile, gorgée de problèmes, d’obstacles. La vie n’a peut être qu’un seul intérêt (pas celui d’arriver au ciel pour les croyants, ou de nourrir les asticots pour les autres), celui de la vivre, celui d’exister. Le reste finalement …n’est que futilité. 
Mais s’il faut vivre pour vivre, si rien n’a d’intérêt, alors autant essayer de vivre bien, de se changer les idées, de voir autrement, de s’attacher aux détails qui changent tout.
Non pas pour les exterminer, mais pour leur donner une histoire, pour raconter un monde, imaginer, croire en autre chose. 
J’utilise la métaphore du bac à sable pour expliquer mon travail. Cela ne sert à rien de créer dans le bac à sable, finalement même si le sujet pourrait faire les mêmes pâtés que tout le  monde, il préfère faire quelque chose qui lui est singulier, personnel, où il s’illustre, pas seulement pour que le public le reconnaisse, mais également pour changer un peu, pour faire autre chose, pour imaginer soi même et non par les autres, même si cela ressemble étrangement à ce qui se fait déjà.


3) La redondance, qui traduit les échecs répétitifs

« Ainsi, en assignant le caractère artistique au monde de l’absurde, on montre que le monde artistique est loin de l’utilité. » Josef Robakowski
De toutes façons tous les pâtés que le sujet pourrait faire seront détruits par le temps.Si beaux soient-ils, si justes soient-ils. Il ne fait que des pâtés de sable. Il ne se donne pas les moyens de mettre du béton dans ses structures. Et même si certaines sont plus dures que d’autres, elles s’écroulent au bout d’un temps.
C’est une fatalité, pas forcément négative, et de toute façon il n’est pas du genre à se morfondre dessus. C’est la vie. Il sait que tous seront ratés mais il continue, maîtrisant de plus en plus tout en sachant que l’échec est inévitable. Il n’y voit aucune déception, quoique si peut être, mais en fait, c’est plus une chose que l’on sait, et avec lequel il vit. De toute façon, il ne peut se morfondre car il ne connaît rien d’autre, il n’y a que ça.
Tous ces échecs, donc, participent à une danse qui se répète inlassablement. 
Une redondance, mais aussi une obsession, l’obsession de faire mieux tout le temps. L’obsession d’aller plus loin. 
Une façon de penser en relation avec le  cercle vertueux et qui, en réalité se traduit par un cycle sans fin. Une course poursuite sur soi-même.

Ce n’est pas véritablement les moyens employés, même s’il est sûr que de meilleurs moyens pourraient contribuer à un meilleur parcours et éviter les pertes de temps. Ce n’est pas grave si c’est mal foutu, si ça se casse la gueule, ce n’est pas grave si les solutions apportées ne sont pas les meilleures, rien n’est grave. 
Ce qui compte c’est d’aller plus loin, toujours plus loin, peu importe comment. Ce qui compte c’est de rester dans la dynamique. De ne pas se poser, surtout. Ce qui compte c’est que le moteur tourne tout le temps. Et même s’il se prend tous les nids de poule, du moment que le moteur tourne, tout va bien. En fait, il ne fait pas attention aux nids de poules à la perfection, aux détails, il fait seulement attention aux moteurs, pourvu qu’il tourne, toujours lui donner du charbon pour qu’il tourne.
Cette obsession, redondante qui finalement ne mène à rien, puisque il ne prend pas le temps de regarder où il va, est nécessaire, et en même temps, elle est contre productive. Elle est utile comme un carnet de recherches où l’on a besoin de faire des tests, des expériences, elle l’aide à aller plus loin, à avancer mais elle ne sait pas où elle va.
Les échecs, c’est la vie de tous les jours, c’est la peur du sujet, de ne pas évoluer. En réalité cela bouge toujours, et finalement il est obligé d’avouer qu’il évolue. Doucement certes, mais la machine avance, elle est aveugle soit, elle se prend les nids de poule soit, mais elle avance. Alors cette redondance n’est que le devant du tableau, car derrière la peinture évolue, du moins c’est ce qu’il croit, et ce qu’il doit croire.


4) Le fragment, éphémère, partie d’une vérité

Le processus mis en place  est à la fois une recherche de quelque chose que le sujet n’arrivera pas à saisir et dont il ne récupère que des fragments. Il n’arrivera jamais à se comprendre, ni à comprendre les autres, ni le monde qui l’entoure, mais il peut rassembler des fragments pour commencer à mettre en place une sorte de diagramme mental. Ces fragments sont une partie de la vérité. 
Tout comme le reste, les fragments ne seront jamais finis, ils resteront fragments à jamais. Néanmoins les fragments sont recueillis pour essayer de trouver une voie, une réponse. Une réponse incertaine, qu’il n’aura jamais car le monde bouge tout le temps et le fragment est éphémère, et donc  cela ne sert à rien. Répondre à une question qui ne sert à rien.  Vouloir définir l’indéfinissable. C’est comme si l’on essayait de compter les étoiles, de boire la mer. Pour quoi faire, finalement ? Pourquoi ? Parce qu’on s’ennuie. Alors ce sera toujours un brouillon, en attendant la vérité. 
Il n’y a rien de vraiment actuel, tout est résidu, est finalement seul, ce qui est en train de se faire est actuel, voire limite déjà dépassé dès que la pensée l’a finalisé. Le fragment, n’est actuel que le temps que le cerveau l’analyse, un millième de seconde et il est résidu.
Pourtant, le fragment est nécessaire, il donne de l’espoir au sujet. Celui-ci à l’impression de pouvoir attraper la réalité. Même si elle lui échappe à chaque fois, elle lui semble  à portée de mains.

CONCLUSION

Ces quatre points au final sont inutiles puisque tout ce qui est fait, est voué à être détruit, sans qu’aucun sens ne puisse en être tiré. Le sujet avance, pourtant, tout doucement en créant à chaque fois quelque chose de mieux, de plus grand, de plus vrai, tout en restant dans une illusion  éphémère. Ce n’est pas un échec, c’est un monde imaginaire qu’il crée et c’est un jeu, une activité ludique, d’apprentissage. 
Je m’intéresse entre autre à l’enfance et aux codes scolaires, tous deux associés à la construction. L’enfance avec toute la naïveté et toute la bêtise, avec l’envie de comprendre quelque chose qu’elle ne peut comprendre semble-t-il. L’enfant répète ce que la maîtresse lui dit, tout comme l’élève, il suit ce qu’elle lui ai dit de faire, il fait, il est dans l’action et non pas dans la réflexion. Pourtant, il accorde un sérieux tout particulier à ce qu’il fait car l’imaginaire qu’il déploie est aussi concret que la réalité.
Ainsi, le sujet s’amuse en espérant trouver la  possibilité d’aller plus loin.
De ce fait, il essaye de définir quelque chose en 4 points, cependant  le spectateur s’emmêle les pinceaux avec ces 4 points, il ne comprend plus rien, et au final il s’aperçoit que peu importe les 4 points, cela ne sert à rien. Le public est face à une sorte de savant fou  que personne ne comprend. Il s’entête, il y croit, malgré les échecs successifs, il n’est jamais fatigué, jamais déçu, il est dans une recherche pour aller encore plus loin. Plus le processus se complexifie, plus le sujet en est satisfait, car elle est digne d’intérêt.

« Ces expériences diverses sont traversées par des thèmes récurrents. En particulier par ce doute absolu sur la valeur des objets artistiques, sur celle de toute activité humaine. L'enfermement insoluble dans des problèmes existentiels et le repli sur soi qui conduit jusqu'au dédoublement de la personnalité, comptent aussi parmi les idées qui fondent son travail. Ce texte de présentation tend une fois de plus à le prouver car Sorin lui-même parle ici de lui à la troisième personne du singulier. Comme s'il était un autre, comme si de toute manière dire “je” ou faire appel à une voix extérieure, à soi-même, n'avait guère d'intérêt et d'importance. » Pierrick SORIN


Dans le bac à sable je suis dans un monde ou je fais ce que je dois faire, je fais ce que je crois être nécessaire, juste parce que j’en ai envie. Ce n’est pas un monde clos, c’est un univers qui se partage, qui se montre, qui est ouvert à d’autres. Parfois seul ou à plusieurs, le bac à sable est ouvert à tous. 

OUVERTURE
Maintenant que j’ai tout expliqué,  j’arrive au bout du processus, au bout de l’idéal. Quand j’en aurai fini alors je désirerai un autre idéal encore plus fort. Et par conséquent je mettrais en place un nouveau processus encore plus complexe.